Publié en juin, le baromètre prospectif 2020 de l’Observatoire de l’Evolution des Métiers de l’Assurance est entièrement consacré aux implications de la crise sanitaire.

Covid 19, l’assurance dans l’œil du cyclone

Le manque de recul sur un évènement aussi massif qu’inattendu n’empêche pas d’apprendre de la période. Soumises à un stress sans précédent, les organisations d’assurances ont encaissé le choc et délivré sans discontinuer leurs services. Grâce à leur transformation digitale, elles n’ont pas été prises de court pour conjuguer la distanciation physique avec une proximité sociale et humaine. A l’aide des outils numériques, leurs salariés ont très majoritairement poursuivi leur travail depuis chez eux, sans avoir à connaître le chômage technique. Cependant, si la continuité de l’activité a pu être assurée, les conséquences de la crise se feront inévitablement sentir dans les années qui viennent.

Alors que les autorités font flèche de tout bois pour que la récession ne devienne pas dépression, sans doute nous estimerons nous heureux si son impact sur l’emploi se limite à celui de la dernière crise financière. Dans un autre domaine, la contestation de certaines clauses du contrat d’assurance par les professionnels victimes de pertes d’exploitation sans dommage laissera probablement des traces.

Mais c’est dans le recours massif au télétravail que l’adaptation à la crise sanitaire aura été la plus spectaculaire. Quelques heures auront suffi pour qu’un dispositif pensé pour un usage ponctuel, effectivement utilisé par une minorité de salariés principalement cadres, devienne pendant plusieurs mois la norme du travail quotidien pour tous les métiers et niveaux de qualification de l’entreprise. Sans doute, dans quelques mois, discernera-t-on mieux les changements irréversibles de la période. Nous ferons alors certainement le constat collectif que la COVID aura été un puissant accélérateur de la transformation digitale.

D’une nomenclature à l’autre, quelle reconnaissance du « métier » ?

Au moment où l’épidémie faisait son apparition, la profession engageait les travaux de révision de sa nomenclature des métiers. Un groupe de travail composé de 16 entreprises – représentant 82% des salariés de la branche – livrera en décembre prochain une nouvelle version du référentiel RH de l’assurance. La production de cette cartographie est aussi peu fréquente qu’engageante pour les années prochaines. La nomenclature de 2012 était l’héritière d’une représentation stabilisée, verticale, en silos des organisations dans l’assurance. Une décennie aura fait irréversiblement basculer tous les métiers dans un fonctionnement transversal et collaboratif, dans des agencements plus fluides câblés par les outils numériques. Des questions qui ne se posaient pas il y a huit ans doivent être dorénavant instruites et des réponses apportées dans la version nouvelle.

Alors que le sol des anciennes catégories se dérobe que faudra-t-il comprendre par « métier » dans le nouveau référentiel RH ? Si l’appartenance des postes à un même ensemble devient moins naturelle ou moins exclusive, sur quels critères demain les regrouper en familles et sous-familles ? Aujourd’hui comme hier, différentes logiques de conception restent possibles. Il n’est pas certain cependant que toutes relèvent aussi bien les défis que la transformation digitale soulève. Quelles que soient les options qui seront privilégiées, l’explicitation et la justification de ces choix donneront aussi son sens à la nouvelle nomenclature.